Les tumeurs malignes de la peau sont les plus fréquentes de toutes les lésions malignes (cancers). Les plus graves sont, sans conteste, les mélanomes et les sarcomes. Celles le plus souvent rencontrées, dans la pratique dermatologique courante, sont les carcinomes ou épithéliomas basocellulaires (EBC).

EPITHELIOMAS BASOCELLULAIRES

Les épithéliomas basocellulaires (EBC) représentent à eux seuls plus de 60%  de la totalité des cancers cutanés.

Ils surviennent le plus souvent chez des sujets à peau claire (exceptionnels chez les noirs, plus fréquents chez les roux et les blonds vénitiens), âgés de plus de 30 ans (le plus souvent entre 50 et 70 ans). Ils apparaissent sur des zones de peau saine ou sur des lésions pré-existantes (kératoses d’origine actinique et kératoses séniles: lésions consécutives à une accumulation excessive de radiations solaires, ou à un vieillissement cutané). Ils siègent principalement sur les régions corporelles exposées au soleil (plus de 90% sur la tête, le cou, les épaules et le décolleté, avec une prédisposition nette pour la région médiofaciale: nez, front, paupières, joues).

Ils ne siègent que sur la peau et jamais sur les muqueuses. Ils peuvent revêtir des aspects multiples: nodule, bourgeon, ulcération, plaque indurée, lésion tatouée. La forme débutante la plus souvent notée est la survenue d’une petite perle translucide, enchâssée à la surface de la peau. Cette lésion va ensuite évoluer de manière polymorphe, de manière généralement lente: rougeur, croûte, ulcération saignante au contact et ne guérissant pas etc… Elle va s’étendre en surface et en profondeur. Les EBC sont considérés comme les plus « gentils » des cancers car ils ne donnent jamais de métastases (pas d’envahissement des ganglions et d’essaimage à distance comme la plupart des autres lésions malignes).

Le diagnostic se fait en consultation par le Dermatologue, face à une lésion chronique qui finit par inquiéter le patient, et le conduit à consulter.

Face à un EBC diagnostiqué, le Dermatologue procédera au traitement de celui-ci: soit médical par application de procédés cutanés locaux sur une lésion récente et peu étendue, soit chirurgical par l’exérèse du tissu pathologique.

Toutefois, la localisation de certains EBC rend leur traitement très délicat. Il faut, en effet, pour parvenir à une guérison sans récidive, procéder à l’exérèse de l’épithélium visible et palpable avec une marge de sécurité correspondant à 3 ou 4 mms de peau saine tout autour de la lésion. Ceci est relativement simple à réaliser sur une joue, mais devient très délicat sur la pointe du nez ou à proximité des orifices naturels (bouche et yeux). C’est pourquoi le Dermatologue en vient à confier son patient aux soins d’un Chirurgien Plasticien, qu’il aura choisi ou conseillé; et qui pourra intervenir dans des délais courts et acceptables pour le patient.

CHALLENGE CHIRURGICAL

La chirurgie permet donc l’ablation complète du tissu épithéliomateux, aussi bien en surface qu’en profondeur, et peut permettre une guérison sans récidive, à condition d’emporter une quantité de peau saine suffisante aux pourtours du carcinome. Le contrôle histologique de la pièce se fera dans un laboratoire spécialisé d’anatomopathologie et sera transmis en quelques jours au Dermatologue et au patient.

Le challenge de ce type d’intervention sera bien évidemment d’enlever juste ce qu’il est nécessaire de tissu pour parvenir à une guérison avec un risque moindre de récidive, et de couvrir la perte de substance par le procédé qui donnera le meilleur résultat cosmétique. Ces procédés à la disposition du chirurgien expérimenté sont divers et leur choix va s’établir en fonction de différents critères: étendue en surface de la lésion, localisation de la lésion, phototype cutané du patient, existence d’antécédents identiques ou de récidive etc…

La perte de substance de peau occasionnée par l’intervention pourra ainsi être couverte par:

  • Suture directe.
  • Lambeau cutané local d’avancement, de rotation, de transposition.
  • Greffe de peau de pleine épaisseur, ou greffe de peau mince.
  • Lambeau cutané expansé.

RESULTATS

Le diagnostic d’épithélioma basocellulaire est vécu de manière très anxiogène par la plupart des patient(e)s, surtout lorsque la lésion survient tôt dans l’existence (sujet jeune) et présente des facteurs majorés de récidive (lésion évoluée, lésion sclérodermiforme, lésions multiples). Il appartiendra alors au chirurgien de rassurer le patient en établissant avec lui, en toute transparence et de façon limpide et éclairée, un plan de traitement, permettant d’obtenir une guérison au prix de modifications cosmétiques très acceptables. Il convient aussi de proposer au patient une date d’intervention assez proche afin de minorer le temps d’attente qui est une source supplémentaire d’anxiété.